Et après ?
« ça restera comme une lumière
qui me tiendra chaud dans mes hivers,
........... »
(JJ Goldman, Confidentiel)
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Il m'est impossible d'apporter une quelconque conclusion à ce périple...
Il reste en mouvement, il fait et fera partie de ma vie...
Et puis, si l'envie de raconter est en veille pour ma part, je me laisse « le droit » de venir à nouveau poser quelques mots...
On ne revient pas tout à fait la même d'une telle aventure...
Plus qu'un voyage, il fut passage...
A graver.
Comme un rituel, une étape de vie.
Quelques jours avant notre départ, j'avais écrit ces quelques mots :
« Après ? ...Il reste « tout »... nos minutes et nos heures en partage.... des espaces infinis, la terre et le ciel, des découvertes, des rencontres peut-être, des sensations, des émotions certainement...
Butiner l'infiniment petit... S'enivrer de l'infiniment grand ?
Voir, écouter, sentir ? Toucher, parler, ressentir ? Goûter... ?
Vibrer frissonner ? Rire et pleurer ?
Je ne sais rien de ce tout les enfants...
« Je » devient Nous... »
Aujourd'hui, en relisant ces lignes, je souris...
Aujourd'hui je peux reprendre chacun de ces mots, et les savourer un à un... l'unique différence est que maintenant, « je sais »...
C'était juste parfait...
Facile, et simple...
Et deux, c'est bien.
Même si nous n'avions guère de crainte à ce sujet, l'harmonie et l'équilibre furent au rendez-vous chaque jour, ce qui n'est pas « gagné d'avance» lorsqu'on part ainsi en étant 24h/24 ensemble, même en étant très bonnes amies...
Je repense notamment à nos « repas », que nous prenions lorsque notre estomac nous rappelait à l'ordre, sans consulter la montre que nous n'avions pas... Composés parfois d'un morceau de fromage et de pain tassé... ou de biscuits et d'un café... selon ce qu'il était facile de dénicher le moment venu.
Ils étaient simplement luxueux, par le regard que nous leur portions !
Je savoure encore aujourd'hui cette facilité étonnante avec laquelle nous nous sommes accordées sur ce sujet, comme sur d'autres, rien n'ayant été formulé ni prévu à l'avance...
(Qui aurait accepté de manger ainsi sans broncher, pendant une semaine et demie ?)
La semaine dernière, sans l'avoir envisagé, nous nous sommes retrouvées à nouveau à marcher côte à côte pendant plusieurs heures, fidèles à notre rythme de croisière (;-D ). De confidences en éclats de rire, nous en avons oublié l'heure du midi...
Un encas s'est offert rapidement à nous, frère jumeau de ces « repas » qui furent les nôtres tout au long de notre voyage ! : en l'espace d'un instant nous avions repris nos « habitudes », à savoir ce non-rythme qui emplissait nos journées et me donnait ce sentiment de grande liberté... !
Nous aurions pu continuer loin et longtemps si le froid et les impératifs du jour ne nous avaient pas rappelés à l'ordre !
Étonnant comme on peut repartir vite !
L'aventure n'est pas close,
Dorénavant, les biscuits pailletés à la framboise n'auront plus jamais le même goût,
Le paracétamol aura un jour ou l'autre une saveur lointaine et bon marché... (LOL)
Notre thé en solitaire nous fera des clins d'oeil,
Je ne verrai plus les lingettes comme destinées uniquement aux fesses des bébés... !
Et lorsque je regarde le ciel, je sais que je l'ai presque touché...
Et puis, il paraît qu'il y a une petite musique qui dit ...........
:-))))))))
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Difficile de rajouter quoique ce soit...
Pourtant,
Ce matin, en ouvrant F*cebook sur accueil, j'ai reçu une fois de plus et en pleine figure, l'expression de la fascination exercée par la gémellité.
Quel rapport avec notre aventure me direz-vous?
D'emblée, aucun!
Pourtant,
En lisant les statuts de ce foutu f*acebook et l'admiration posée en commentaire sous l'image de jolies petites jumelles, je n'ai pu m'empêcher d'avoir une pensée vers ceux qui rêvent de donner naissance en double, et vers ceux, dont je fais partie, qui le redoutent. Car toute ressemblance attire et rebute à la fois, agissant comme un retentissant écho à ce message paradoxal qu'on nous assène en discours quotidien : "tous pareils/tous uniques"
Quel rapport donc avec notre aventure?
Le suivant:
Je suis partie sereine en compagnie d'Anne-Sophie, sachant que nous avions un bon nombre de points communs.
Je suis partie tranquille, en sachant que nous étions l'une et l'autre bien ancrées dans nos vies respectives, absolument uniques, très différentes, absolument non-superposables.
Un ami m'avait dit, un jour, qu'il existait un état fort agréable, un état qui réalise l'équilibre des paradoxes et que le vivre est une grâce (je vous renvoie aux multiples significations et synonymes de ce mot en vous invitant à choisir ce qui vous convient)
J'ai bien l'impression, que pendant ces dix jours, sans l'avoir cherché, nous avons exploré cet état sous tous les angles, c'est à dire autant à travers notre relation de voyageuses qu'à travers notre relation de couple à chacune, nos hommes étant loin et présents à la fois. A défaut de tango, nous avons donc dansé à deux, à quatre et en ronde, c'est une faveur que nous nous sommes accordée, que nos hommes ont accepté et que nous avons finalement touché.
Anne-Sophie a déjà esquissé, plus haut, cette impalpable réalité dont il restera une photo de "rond en ciel"...